Davézieux, village natal des frères Montgolfier
Des Romains à la Révolution…
Des fouilles archéologiques récentes ont confirmé l’existence d’une occupation
humaine dès la préhistoire et d’un habitat gallo-romain avec des matériaux trouvés
dans les secteurs des Combes, de Tartavel et de Chamieux. Cette présence romaine
est à l’origine du nom de Davézieux (Davéziacum en latin ou domaine de Davitius,
certainement un riche gallo romain).
En 1055, le cartulaire de Vienne mentionne Villa de valeo, l’ancienne église Sainte
Marguerite existe certainement, le portail entouré de colonnettes couronnées de
chapiteaux témoigne de l’ancienneté du vieux village.
Pendant plusieurs siècles, Davézieux vit au rythme des saisons et des travaux agricoles.
Les petites propriétés voisinent avec les grands domaines du Mas, du Puy, de La
Lombardière.
Le château du Mas
Plutôt que de château, il vaudrait mieux parler de maison forte. Datant
vraisemblablement du 16ème siècle, la bâtisse se voit adjoindre une seconde
tour au 17ème siècle. Après avoir appartenu aux Gerlande, il passe entre les mains
des Barou qui deviendront bientôt de Canson et propriétaires de la Lombardière.
La Lombardière
Initialement appelé terroir de Chambaran, le 5 mai 1571 l’avocat annonéen
protestant Achille Gamon achète cette propriété. Il sera le premier à porter le
titre de Seigneur de La Lombardière. En 1658, son petit-fils Antoine Gamon
vend La Lombardière à noble Jean Barou ; ses descendants prendront pour
nom Barou de La Lombardière de Canson. En 1859, A la mort de Barthélemy de
Canson, papetier de renom et gendre d’Etienne de Montgolfier, le domaine passe
à son gendre Gabriel Veyre de Soras. Cette famille en sera le dernier
propriétaire avant la vent du domaine au District d’Annonay le 9 mars 1970.
Fortement remanié au 18ème siècle, le château est le siège de la Communauté de communes du bassin d’Annonay. Signalons la belle charpente en vaisseau renversé de la grange (Halle aux Muletiers), œuvre de charpentier de marine en mal de chantier dans les années 1840.
D’autres belles demeures témoignent de la présence d’une bourgeoisie active
dans l’industrie ou la banque.
Davézieux, nouvelle commune
Bien qu’étant le siège d’une paroisse, Davézieux dépendait fiscalement
d’Annonay aussi ses habitants profitent-ils de la création des communes
pour faire sécession et devenir commune à part entière. Le 2 février 1790,
Etienne de Montgolfier devient le premier maire de Davézieux. Un cadastre
est établi et nous apprend que les bâtiments n’occupent que 1,15% de la
surface communale. Un registre paroissial tenu par le curé Lafayolle
fourmille de renseignements qui n’ont rien de religieux donnant aussi bien
les prix des denrées que la liste des aléas climatiques.
Les écoles de Davézieux
Dès 1835, le maire François-Michel de Montgolfier et l’abbé Lafayolle se
préoccupent de l’instruction des enfants. Certains reçoivent quelques rudiments
de Marianne Barou et de sa sœur mais c’est insuffisant. A sa mort, en 1838, l’abbé Lafayolle lègue sa maison actuelle maison paroissiale) à la commune pour qu’elle y installe une école. Le 1 janvier 1845, un instituteur est officiellement embauché par la commune.
En 1875, les Frères des Ecoles chrétiennes prennent la direction de l’école des garçons. Bientôt l’école s’agrandira dans l’ancienne église récemment désaffectée. Sur injonction du sous-préfet, en 1885, l’enseignement devient laïque et l’abbé Vergier décide d’ouvrir une école libre, conservant les frères des Ecoles chrétiennes.
Pendant ce temps, à Vidalon, les enfants de papetiers continuent d’aller à la
salle d’asile (crèche) et à l’école élémentaire financée par l’entreprise et qui
a définitivement fermé en 2010.
La cité papetière de Vidalon
Dès la seconde moitié du 17ème siècle, Antoine Chelles dirige un moulin à
papier à Vidalon, au bord de la Deûme. Cette papeterie a remplacé un
ancien moulin à blé.
En janvier 1693, Michel et Raymond Montgolfier viennent du Beaujolais
pour épouser Françoise et Marguerite Chelles. Raymond s’installera à
Vidalon avec sa nombreuse famille (19 enfants) agrandissant considéra-
lement la papeterie d’origine. En 1735, 120 personnes vivent à Vidalon où
Raymond est secondé par son fils Pierre qui lui succèdera.
Sous l’impulsion de Pierre Montgolfier et de ses fils (il aura 16 enfants), la
papeterie passe de l’artisanat à l’industrie. Ils mettent au point le premier
papier vélin français en 1777, installe des piles hollandaises pour triturer le
chiffon. Ces deux perfectionnements et l’invention de l’aérostat conduiront
Louis XVI à anoblir Pierre Montgolfier en décembre 1783 et à décerner à
Sa papeterie le titre de Manufacture Royale le 19 mars 1784.
Des papetiers à la conquête de l’air
Le 14 décembre 1782, dans la cour de la papeterie de Vidalon, Joseph et
Etienne Montgolfier font partir le premier ballon. C’est le début de la conquête
de l’air et de l’espace. Ils ont fabriqué leur aérostat en toile doublée de papier.
Un feu de laine et de paille a gonflé l’enveloppe.
Puis, ils réaliseront une expérience publique à Annonay avant de lancer le
premier vol habité sous les yeux émerveillés de Louis XVI.
La saga des Canson
A la mort d’Etienne de Montgolfier, en 1799, c’est son gendre, Barthélemy
Barou de La Lombardière de Canson qui lui succède. Sous son impulsion,
La papeterie continue sur la voie de la modernisation, il met au point de nouveaux
Papier (calque…), installe une machine à papier en continu. Bientôt Etienne de
Canson vient seconder son père et fait bénéficier la papeterie de son génie inventif
(caisses aspirantes, turbine…). De nouveaux papiers naissent pour la photographie,
le dessin…. Canson devient une marque et Vidalon s’agrandit…
En 1875, le village papetier accueille plus de 1000 résidents (dont 800 actifs) alors
que la population totale de Davézieux est de 1315 habitants.
Des casernes ont été construites pour loger les ouvriers, la cité papetière
s’organise et vit en quasi autarcie avec ses jardins, magasins d’approvisionnement,
cantine, société de secours mutuels, société de musique, bibliothèque, salle d’asile
pour les enfants, école…
Alors que la première chapelle avait été bénite en 1736, dans un sous-sol de la
manufacture, en 1877, la troisième chapelle est inaugurée. Dimensionnée pour
accueillir plusieurs centaines de personnes, elle a été dessinée par Prosper
Borione. De style néo-gothique, toute en finesse, elle veille sur le vallon papetier
et vaut que l’on s’y arrête. Elle est placée sous le patronage de Notre Dame de
l’Usine. La chapelle, ayant maintenant le statut d’église, abrite un très bel orgue
Callinet, remonté par Cavaillé-Coll en 1882. Cet orgue est classé Monument
historique. Tout le site de Vidalon est d’ailleurs inscrit à l’inventaire des Monuments
historiques depuis 2012 en tant que site papetier majeur.
La mise en place d’une organisation paternaliste n’a, toutefois, pas empêché
des conflits aux conséquences très lourdes, comme les grèves de 1906 et 1911.
Cette dernière entraîna la fermeture temporaire des usines et le licenciement
de nombreux ouvriers qui perdirent emploi et domicile. Une des conséqences
sera une baisse de la population de Davézieux (1315 habitants en 1876, 1059 en
1911).
Aujourd’hui, il n’y a plus de production papetière à Vidalon, Canson ayant ses
ateliers à st marcel et Annonay. Cependant une machine produisant du papier
d’essuyage a été installée en 2012 (commune d’Annonay) près du site d’origine.
Le Musée des Papeteries Canson et Montgolfier
En 1987, à l’initiative des Papeteries Canson et Montgolfier et de passionnés d’histoire, un musée est né dans la maison natale des frères Montgolfier et les ateliers des premiers siècles. Au cœur de la Manufacture royale, ce musée fait revivre la papeterie du 17ème siècle à nos jours. C’est la magie de la feuille que l’on voit fabriquer dans l’antique cuve, le bruit des machines qui s’animent… les merveilleux calculs des Montgolfier, les inventions des Canson, l’organisation paternaliste… des guides attentifs pour satisfaire les attentes les plus diverses. En 2012, le Ministère de la Culture et de la communication a décerné au musée Le label Maison des Illustres. www.musee-papeteries-canson-montgolfier 04 75 69 89 20 |
Davézieux aujourd’hui
Après une importante diminution de population après le 1ère Guerre mondiale,
Davézieux a connu une rapide augmentation de population dans la seconde
moitié du 20ème siècle. Maisons individuelles, lotissements poussent comme des
champignons.
Avec la création de la zone industrielle de la Lombardière, puis de la zone du Mas,
les deux premières entreprises (Papeteries Canson et Montgolfier et Frappa) voient
arriver plusieurs centaines de sociétés (artisanat, industries, commerces, services)
attirées par les facilités d’accès tant pour les commerçants que les fournisseurs.
Davézieux est une des rares communes à offrir plus d’emplois que le nombre de la
population active.
Cependant, une telle évolution ne s’est pas faite sans bouleversements, il a fallu
créer des services conformes aux attentes de la population.
L’église Sainte Marguerite, construite en 1867, veille sur le vieux village. En 1975,
la commune a racheté l’Alumnat (ancien séminaire des Pères assomptionnistes pour
en faire une maison essentiellement dédiée aux associations avec salle des fêtes et,
au départ, école maternelle. Bientôt une salle pour le basket est construite à Jossols.
En 1983, est créée la première bibliothèque communale, en 1985, la nouvelle école
élémentaire publique ouvre ses portes, le restaurant scolaire voit le jour, deux courts
de tennis sont inaugurés…En 1993, mairie et poste rejoignent le quartier de Tartavel
vers un nouveau centre qui se dessine. 1998, voit l’inauguration du réseau de
transports urbains, 2005 la création d’une crèche et d’une nouvelle école maternelle,
l’EMD (salle de spectacle) sort de terre près du complexe sportif et en 2013,
la résidence pour personnes âgées Les colombes ouvre ses portes.
Ainsi, tous les âges de la vie sont couverts par les divers établissements.
13 juillet 2012, le Tour de France arrive à Davézieux, c’est une première.
Le blason de Davézieux
Le blason a été créé par délibération du 12 mars 1984. La croix de St André
rappelle le rôle de carrefour, la montgolfière, le premier envol d’un ballon,
la feuille de papier, la mise au point du premier papier vélin français
en 1777. La gerbe de blé symbolise la vocation agricole d’antan.
fleur de lys est l’emblème du Vivarais.